Özlem Kalkan est experte auprès du ministère de l’éducation nationale, direction générale de l’EFP.
La Turquie ne disposant pas de son propre système intrinsèque de suivi et d’évaluation de l’EFP fait du processus de Turin, auquel elle a participé pour la première fois en 2014, et des objectifs à moyen terme en matière d’EFP des conclusions de Riga, qui s’appliquent aux pays candidats à l’adhésion à l’UE, de précieux outils dans le cadre de ses réformes politiques actuelles.
Des progrès significatifs ont été enregistrés dans plusieurs domaines.
Un nouveau cadre turc des certifications compatible avec le cadre européen des certifications a été adopté. En 2016, des initiatives d’apprentissage en milieu de travail ont été réunies en une législation sur l’apprentissage professionnel et une nouvelle obligation a vu le jour pour les écoliers, à savoir l’enseignement primaire et secondaire obligatoire pendant au moins 12 ans, ce qui, selon Kalkan, règle le problème chronique de décrochage scolaire des garçons âgés de 14 et 15 ans.
Les accords de partage de données avec la SGK, l’institution turque d’assurances sociales (qui collecte des informations circonstanciées sur les employés de commerces et d’entreprises) et Turkstat, l’agence turque de statistiques, renforcent davantage la capacité des experts de l’EFP à évaluer les progrès – par exemple, fournir de manière efficace des informations découlant des études de suivi socioprofessionnel en voyant immédiatement ce que sont devenus ces étudiants de 12e année de l’EFP (qui sont obligés d’accomplir 300 heures d’apprentissage pratique en milieu de travail avant de recevoir leur diplôme) après leur entrée sur le marché du travail.
La popularité du secteur est croissante dans un pays de 80 millions d’habitants dont 1,8 million d’étudiants sont inscrits dans l’EFP en Turquie (50 000 pour la seule 12e année), représentant 46 % de l’ensemble des étudiants de l’enseignement secondaire.
«Au cours de ces cinq ou six dernières années, un grand changement s’est opéré. Nous avons ouvert de nouveaux domaines qui correspondent aux évolutions du marché du travail et nos 81 provinces ont toutes mis en place des conseils qui déterminent les domaines prioritaires d’études qui répondent aux besoins locaux.»
Parmi les priorités actuelles figurent l’amélioration de la qualité de l’apprentissage professionnel et l’utilisation de l’enseignement numérique à distance pour améliorer le perfectionnement professionnel continu dans le cadre de la formation des enseignants de l’EFP.
Un exemple de bonnes pratiques en Turquie est l’UMEM10 (Centre de formation professionnelle spécialisée 10) mené par l’agence de placement turque ISKUR, le ministère de l’éducation et l’Université TOBB d’économie et de technologie. Ce projet vise à relever le niveau des compétences de la main-d’œuvre au moyen d’un mélange de formation sur le lieu de travail, de contact avec les collègues et de tutorat. Ce programme garantit un emploi pour 50 % des diplômés. Près de 26 000 cours ont été dispensés et près de 197 000 élèves ont été diplômés avant octobre 2015. D’après les données de l’ISKUR, 68 % des diplômés ont trouvé un travail après avoir suivi les cours.